C’était en 1944. La famille Klarsfeld, Serge, sa sœur Georgette et leur mère se sont cachés à Saint-Julien-Chapteuil, en Haute-Loire. Samedi, 400 habitants sont venus les écouter et les rencontrer. La famille Klarsfeld a dévoilé une plaque au-dessus du bistrot où elle était réfugiée.
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Article par Édith GESLIN
Publié le 01/08/2022 à 19h37 sur le site : www.ouest-france.fr
L’historien chasseur de nazis Serge Klarsfeld honoré en Haute-Loire, où il a été réfugié
C’était en 1944. La famille Klarsfeld, Serge, sa sœur Georgette et leur mère se sont cachés à Saint-Julien-Chapteuil, en Haute-Loire. Samedi, 400 habitants sont venus les écouter et les rencontrer. La famille Klarsfeld a dévoilé une plaque au-dessus du bistrot où elle était réfugiée.
De gauche à droite, Georgette, Serge et Beate Klarsfeld,
rue Chaussade à Saint-Julien-Chapteuil, où une plaque a été dévoilée,
là où la famille s’est réfugiée en 1944.
« En Haute-Loire, on ne nous a jamais demandés si on était juifs. » Dans un département terre d’accueil de réfugiés pendant la Seconde Guerre mondiale, l’historien chasseur de nazis Serge Klarsfeld s’est souvenu, samedi 30 juillet, à Saint-Julien-Chapteuil, des dix mois de 1944 durant lesquels il a vécu au deuxième étage du 36 de la rue Chaussade, au-dessus d’un débit de boissons tenu par Mlle Adhemard, dans ce bourg de moyenne montagne. Serge y a été réfugié avec sa sœur Georgette et sa mère Raïssa, alors qu’il n’avait que 8 ans, de mars à octobre 1944.
Hommage et reconnaissance
Après une conférence-témoignage qui a réuni plus de quatre cents habitants, autour du couple Serge et Beate et de Georgette, une plaque rappelant l’épisode a été dévoilée sur la façade de ce qui est aujourd’hui le bar des Sucs. Un hommage populaire, après la reconnaissance officielle de l’État français : lors de la promotion du 14 Juillet dernier,Serge Klarsfeld a été élevé grand-croix de la Légion d’honneur par Emmanuel Macron et Beate a été promue grand officier. Le 17 juillet, l’historien était au côté du président de la République pour célébrer le 80e anniversaire de la Rafle du Vél d’Hiv et lors de l’inauguration d’un nouveau lieu de mémoire de la Shoah dans l’ancienne gare de Pithiviers, dans le Loiret.
Le samedi 30 juillet 2022, Serge et Beate Klarsfeld, à Saint-Julien-Chapteuil
Le couple a créé, en 1979, l’Association des fils et filles des déportés juifs de France, chargée de défendre la cause des descendants de déportés. On doit à Serge Klarsfeld le Mémorial de la déportation des Juifs de France qui recense les noms, âges et les parcours des 76 000 Juifs déportés de France.
Georgette, Serge et Beate Klarsfeld lors de la conférence à Saint-Julien-Chapteuil (Haute-Loire), en présence de 400 personnes, samedi 30 juillet 2022.
Le 24 mars 1944, arrivée à Saint-Julien
Entre 1 000 et 1 500 réfugiés ont été accueillis à Saint-Julien-Chapteuil pendant l’Occupation allemande selon la brochure publiée par l’association locale Agora et les Compagnons de Chapteuil. Des réfugiés venus de l’Est, de Belgique, de région parisienne, du Rhône ou du Sud, comme les Klarsfeld.
En 1943, la famille est réfugiée à Nice : « Mon père avait construit un double fond au placard pour nous cacher. Cela nous a sauvés (mon père sera déporté à Auschwitz où il mourra l’été 1944) quand il a été arrêté le 30 septembre 1943 », se rappelle Serge Klarsfeld. À la faveur d’une évacuation, mère et enfants arrivent au Puy-en- Velay, en Haute-Loire, « dont on disait qu’il n’y avait pas de danger pour nous car il n’y avait pas de Gestapo. Le colonel qui dirigeait l’autorité militaire allemande ne s’occupait pas des juifs, raconte Serge. Le rabbin nous a conseillé Saint-Julien, et nous y étions simplement des réfugiés roumains. »
« Orthodoxes » à l’école catholique
Serge et Georgette ont égrené leurs souvenirs. Les deux enfants sont inscrits par leur mère comme de confession orthodoxe dans les écoles catholiques. « À condition que je vienne en jupe, a exigé la mère supérieure, Mère Marie-Josèphe, car je portais un pantalon parce qu’il faisait très froid », détaille Georgette.
La sœur aînée de Serge se souvient aussi des cours de catéchisme « où il ne fallait pas laisser entendre que l’on était juif » et de « son frère qui aimait beaucoup l’histoire sainte et retenait tout ». Jusqu’à épater l’évêque qui voulait « faire baptiser » ce petit réfugié pas catholique pour l’envoyer au séminaire. Leur mère dut argumenter : « C’est une grave décision que je ne peux prendre sans mon mari prisonnier des Allemands. »
Georgette Klarsfeld, avec le maire de Saint-Julien-Chapteuil (Haute-Loire), samedi 30 juillet.
Georgette se rappelle aussi parfaitement du 6 juin 1944 et du Débarquement. «J’étais au lit avec une indigestion et j’écoutais la radio anglaise. J’ai crié par la fenêtre : les alliés ont débarqué, les alliés ont débarqué ! C’était extraordinaire.»
Vers la traque des nazis
En 1960, Serge et Beate, jeune Berlinoise au pair à Paris, se rencontrent et se marient en 1963. Nouveau tournant, à Saint-Julien encore, en 1967. Lors d’un séjour touristique, ils écrivent un article, publié dans le journal Combat du 21 juillet 1967, « le sommeil trouble de l’Allemagne ». Ils y dénoncent le passé d’ancien fonctionnaire nazi du chancelier Kiesinger.
Beate est révoquée de l’Office franco-allemand pour la jeunesse. « Cela nous a précipités dans l’action, assure Serge Klarsfeld, on est reparti en guerre contre l’impunité des criminels nazis en Allemagne et en France. Les nazis sont chassés de la fonction politique en Allemagne grâce à Beate. » Action spectaculaire, sa gifle au chancelier Kiesinger lors du congrès de la CDU, le 7 novembre 1968, à Berlin, restera célèbre.
Plaque commémorative à St-Julien Chapteuil
Le couple entame sa traque. En France, Klaus Barbie sera jugé devant les tribunaux et les Klarsfeld jouent un rôle central dans les procès Bousquet, Touvier, Leguay et Papon [comme ils le racontent dans l’ouvrage Mémoires].
Samedi 30 juillet, Serge Klarsfeld et sa petite-fille Emma ont dévoilé une plaque, au 36, rue Chaussade, à Saint-Julien-Chapteuil (Haute-Loire).
Saint-Julien Chapteuil a rendu hommage à la famille Klarsfeld
Publié le 31/07/2022 à 11h33 sur le site de L’Éveil de la Haute-Loire : www.leveil.fr
La famille Klarsfeld a trouvé refuge quelques mois à Saint-Julien Chapteuil durant l’Occupation allemande jusqu’à la Libération. Samedi, Serge Klarsfeld, accompagné de sa femme Beate, sa soeur Georgette et sa petite fille Emma, a partagé ses souvenirs et ses convictions devant une salle comble.
Par Nathalie Courtial pour L’Éveil
Georgette, Serge, Beate et Emma sous la plaque commémorative.
L’espace associatif était comble samedi après-midi : tout le monde s’est levé pour saluer l’arrivée de Serge Klarsfeld,
précédé par Georgette sa soeur, Béate et sa petite fille Emma.
Deux séjours restent gravés dans la mémoire de Serge Klarsfeld. Le premier quand sa famille a trouvé refuge dans la cité capitolienne en 1944, en pleine guerre. Puis en 1968, quand sa femme Beate écrit la tribune qui signe l’entrée du couple Klarsfeld dans l’Histoire contre l’oubli de la Shoah.
La famille Klarsfeld a fait don d’un tableau de Saint-Julien Chapteuil au maire, très touché.
Dans son allocution, André Ferret le maire a rappelé la tradition d’accueil que perpétue toujours Saint-Julien Chapteuil.
dimanche, 31 juillet 2022 08:17 sur le site : lacommere43.fr
Serge Klarsfeld et sa soeur Georgette à jamais liés à Saint-Julien-Chapteuil
Samedi, Serge Klarsfeld, sa femme Beate et sa soeur Georgette ont tenu une conférence et dévoilé une plaque à Saint-Julien-Chapteuil, là où le jeune frère et sa soeur avaient été cachés durant la Seconde Guerre mondiale. C’était il y a 78 ans.
La venue de Serge Klarsfeld et sa femme Beate reste un événement exceptionnel. Un an après avoir rempli le temple du Chambon-sur-Lignon pour le même exercice, Serge Klarsfeld et sa femme Beate ont tenu une conférence. Les « chasseurs de nazis », comme ils ont été surnommés », ont raconté en long, en large et en travers leur histoire, leur vision, pendant deux heures, dans une salle polyvalente pleine à craquer. Entre 350 et 400 auditeurs les ont entourés pour cette intervention.
Saint-Julien restera une terre d’accueil
A l’issue de la conférence, le public a poursuivi dans la rue Chaussade, devant l’immeuble où ont été accueillis, enfants, Serge et Georgette, au deuxième étage au-dessus du Bar des Sucs. Une plaque a été dévoilée et rattache à jamais les Klarsfeld à Saint-Julien-Chapteuil. « Saint-Julien est et restera une terre d’accueil », assure André Ferret, le maire, qui a fait le lien avec les réfugiés actuellement accueillis sur la cité capitolienne.
« C’est une journée qui rend heureux. On dresse un bilan, on revient à l’enfance qui a été chaotique. Nous avons survécu et ce n’est pas pour rien. Cette plaque n’incarne pas l’éternité mais une sorte de continuité », évoque Serge Klarsfeld.
Lily Blanchard, 18 ans, petite-fille d’une élue capitolienne, entrera au Conservatoire de Fribourg à la rentrée. Elle a chanté samedi « l’Hymne à la joie » et « la Marseillaise ».
Par Thibault AUCLERC (thibault.auclerc@leprogres.fr)
30 juil. 2022 à 22:17 | mis à jour le 31 juil. 2022 à 07:48
Saint-Julien-Chapteuil : la « terre d’accueil » capitolienne célèbre les Klarsfeld
Soixante-dix-huit ans après avoir trouvé refuge à Saint-Julien-Chapteuil, en pleine guerre, Serge Klarsfeld et sa sœur Georgette étaient célébrés, samedi à l’occasion de l’inauguration d’une plaque. Avant cela, ils ont tenu une conférence avec Beate, l’épouse de Serge, avec qui ils ont formé un couple de « chasseurs de nazis ».
Georgette et Serge Klarsfeld ont dévoilé, aux côtés d’Emma (la petite-fille de Serge) et du maire capitolien André Ferret, une plaque commémorative sur la façade de la maison où était cachée la famille Klarsfled pendant la Seconde Guerre mondiale.
Photo Progrès /Yves SALVAT©
« Une journée placée sous le signe de la mémoire », comme le déclarait le directeur de cabinet du préfet, Aurélien Duvergey. L’après-midi et le début de soirée de samedi ont plongé, ou replongé, les Capitoliens et Altiligériens dans l’Histoire. Une histoire qui fait la fierté de la commune de Saint-Julien-Chapteuil qui a servi de terre d’asile à près de 1 500 réfugiés durant toute la Seconde Guerre mondiale.
« C’est une journée qui rend heureux, surtout au terme de l’existence. On dresse un bilan et puis, en même temps, on revient à son enfance. J’ai eu une enfance un peu chaotique mais en tout cas, ma sœur et moi, nous avons survécu. On est heureux d’être là à notre âge. Cette plaque représente la continuité : il y a des endroits comme ça dans le monde où nous continuerons d’être présents. Par les livres aussi. C’est une lutte contre la mort, mais ça fait plaisir de l’avoir acquise par des actes qui, parfois, étaient difficiles. »
SERGE KLARSFELD