Parution : 01/01/2020
En 1964, Beate publie en France et en Allemagne un « Guide et Manifeste » intitulé : « Jeunes Allemandes au Pair à Paris ». Elle est secrétaire à l’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse, qui vient d’être créé par de Gaulle et Adenauer. L’ouvrage attire l’attention des principaux journaux allemands ; les dirigeants de l’OFAJ sont agacés qu’une simple secrétaire trace des lignes d’action pour l’Office. À cela s’ajoute fin 1966, la prise de position dans « Combat » de Beate contre l’accession à la Chancellerie d’un ancien dirigeant de la propagande radiophonique hitlérienne. Beate est révoquée de l’OFAJ en 1967. Elle s’engage dans l’action militante ; je la soutiens et m’engage également : elle, en tant qu’Allemande déjà réunifiée pour imposer aux deux Allemagne, la RFA et la RDA, les mêmes valeurs de morale politique ; moi, en tant que Juif pour obtenir que la justice s’applique aux criminels nazis qui ont organisé la déportation des Juifs de France, pour que le rôle de Vichy dans le sort des Juifs de France soit inscrit dans l’histoire et empêche à jamais sa réhabilitation ; pour écrire l’histoire de la solution finale en France ; pour restituer aux victimes de la Shoah leur identité et leur destin ; pour défendre les droits des orphelins de la déportation juive.
Au tandem que nous formons, s’est joint depuis son adolescence, Arno, sans
lequel nous n’aurions pu réussir ce que nous avons entrepris et qui, en tant que militant sur le terrain, avocat, Conseiller du Premier Ministre et Conseiller d’Etat, a toujours été à nos côtés.
Le soutien de l’association « Les Fils et Filles des Déportés Juifs de France » que nous avons créée en 1979 avec les regrettés Henri Golub, Simon Guerchon et avec Annette Zaidman, secrétaire générale des FFDJF, a été décisif dans les domaines de l’action militante et des publications ; de même, le soutien de nos amis américains de la Fondation qui porte le nom de Beate. Dans ce cadre, Annette Zaidman a remarquablement édité avec moi plusieurs ouvrages et les a imprimés ; Claude Bochurberg en a signé plusieurs avec moi et d’excellents sans moi : parmi les chercheurs sur les enfants déportés, Régine Lippe, Annette Zaidman et Gabrielle Balseiro ont été particulièrement efficaces ; le regretté Maurice Lippe et Sabine Zeitoun ont maîtrisé l’informatique à ma place pour mettre en ordre les listes de nos mémoriaux.
Ainsi, avons-nous pu écrire, éditer et publier de grands ouvrages pionniers et de référence portant sur différents sujets de l’histoire de la Shoah. Ce catalogue le montre bien par sa concentration sur la France et aussi par sa diversité. Ces ouvrages sont consultables dans les principales bibliothèques en France et à l’étranger car nous les leur envoyons systématiquement et gratuitement, pour que notre message puisse être lu partout dans le monde.
En 2021, nous mettrons en ligne sur le site Klarsfeld-FFDJF, une partie de nos ouvrages et un jour leur totalité et, bien entendu, l’accès à leur lecture sera totalement gratuit. Seront également en ligne les 150 numéros de notre bulletin de liaison.
Quand nous aurons disparu, le relais sera assuré par la génération suivante ; en particulier par Arno et notre héritage historique et exemplaire continuera à rester vivant et actif pour la défense de nos valeurs morales.
Serge Klarsfeld
Serge KLARSFELD