LE DERNIER CARRÉ DES FILS ET FILLES

Une éthique de la Mémoire en actes.

Beate et moi n’étions que deux, lorsque nous avons entamé notre longue marche en 1967. En 1971, nous avons été rejoints par les jeunes de la LICA et par quelques survivants d’Auschwitz, quand nous nous sommes attaqués à l’impunité des criminels nazis. En 1975, Henri Golub et ses amis, les Cain,
les Ermann, les Guerchon, … se sont regroupés autour de notre couple. En 1978, nombreux sont les orphelins de la Shoah, Annette Zaidman enl’’ztête, qui sont venus à nos côtés après la publication choc du Mémorial de la Déportation.

Presque tous, nous étions dans la force de l’âge ; nos enfants étaient encore des enfants.

Aujourd’hui, 45 ans plus tard, nous sommes grands ou arrière-grands-parents et notre grande famille a perdu tant des siens. Aux Lectures des Noms des déportés sur le parvis ou dans la crypte du Mémorial de la Shoah, j’ai toujours l’impression de les revoir près de moi et je ne peux ni croire ni
me résigner à leur disparition et à leur absence. D’ailleurs ont-ils réellement disparu ? Je n’ai pas besoin de les convoquer ; je n’ai même pas à fermer les yeux pour les revoir si proches ;
ils ne sont pas dans l’au-delà ; ils sont encore avec nous tant que nous serons là. Le plus jeune d’entre nous, né d’un déporté d’Auschwitz a plus de 80 ans.

Tous ces membres de notre grande famille, tous ces héros de l’épopée des « Fils et Filles » disparaîtraient avec nous si Claude Bochurberg, notre mémorialiste, n’avait entrepris dès le début de l’épopée, une œuvre irremplaçable : laisser une trace écrite de chacun des militants de la mémoire qu’ils soient ou
non membres des FFDJF.