Parution : 23/11/2020
Henri Zajdenwerger avait à peine 17 ans quand il fut déporté de Drancy en mai 1944, avec 877 hommes juifs vers les abattoirs que les nazis avaient implantés dans les pays baltes à Kaunas et à Reval. Son wagon prit la direction de l’Estonie, d’où revinrent 21 survivants, tandis que du sinistre Fort IX de Kaunas et du camp de Pravieniskès en Lituanie, ne survécurent que deux frères qui réussirent à s’évader.
Aujourd’hui, Henri est un des derniers survivants, sinon l’ultime, de ceux qui connurent, subirent et traversèrent l’univers concentra-tionnaire. Décisive, a été sa rencontre il y a 40 ans, avec le fils d’un de ses compagnons de malheur, Maurice Bochurberg : elle a arraché Henri à une existence redevenue presque normale à force d’étouffer les reminiscences des assassinats quotidiens de ses camarades, de l’évacuation à fond de cale d’un navire risquant d’être torpillé par un sous-marin soviétique, de quelques mois au camp d’extermination du Stutthof où ont disparu les Juifs de Dantzig, des marches de la mort et de la libération par l’Armée Rouge.
Grâce à Claude Bochurberg, Henri a repris sa marche, une marche de la vie, celle de l’engagement comme témoin et militant inlassable de la mémoire de la Shoah avec les Fils et Filles des Déportés Juifs de France, partout en Europe.
Grâce à Henri et à l’amitié profonde qui s’est créée entre celui, né en 1942 et qui n’a pas connu son père et celui qui a croisé son père à Drancy et dans un wagon à bestiaux, Claude a établi un lien précieux avec ce père disparu et qui lui a tant manqué. Un livre bouleversant sur Henri, sur Claude et sur les orphelins de la Shoah. À lire absolument et à méditer.
Claude BOCHURBERG